L’égalité entre les femmes et les hommes est un sujet qui doit-être au cœur des politiques publiques et des décisions de demain. Le mardi 30 mars 2021, l’association Le Forum Nogent-le-Rotrou a organisé un café-visio pour aborder ce sujet à l’échelle municipale. L’objectif était de réfléchir ensemble à des actions concrètes pouvant être mises en place à Nogent-le-Rotrou.
En préambule de ce café-visio, nous revenons sur notre article publié le 8 mars 2021, à l’occasion de la Journée Internationale de Lutte pour les Droits des Femmes : « Plaidoyer pour instaurer plus d’égalité entre les femmes et les hommes dans notre vie locale ». Nous y faisions mention de la Charte européenne pour l’égalité des femmes et des hommes dans la vie locale. Celle-ci compte actuellement 288 signataires en France, cependant aucun ne représente notre territoire. Collectivités territoriales et régionales s’engagent à travers un plan d’action favorisant l’égalité femmes-hommes dans la vie locale. Nous rappelons que cette charte traite de l’égalité femmes-hommes, et plus largement d’inclusion des minorités, dans l’ensemble des politiques menées à l’échelle territoriale. L’un des principes fondamentaux de la charte concerne la représentation et la participation équilibrée dans les prises de décision.
1 seule rue à Nogent-le-Rotrou porte le nom d’une femme
Les échanges débutent par un état des lieux sur la représentation des femmes dans l’espace public nogentais : 1 salle de spectacle (Simone Signoret), 3 écoles sur 10 établissements publics (Lucie Aubrac, François Dolto et Silvia Monfort depuis 2018). Autre constat frappant, 1 seule rue porte le nom d’une femme (Sainte Anne) et 1 autre celui d’un couple (Pierre et Marie Curie), alors que 49 autres portent le nom d’un homme !
Au cours des échanges, il est souligné l’intérêt d’attribuer des noms de rue pour susciter la curiosité et changer les mentalités. Il semble plus simple et moins coûteux de nommer ainsi les nouvelles rues, que de renommer des rues déjà existantes. D’autres actions sont évoquées durant cet état des lieux, et notamment les actions de Ludo’Perche en faveur de l’égalité filles-garçons, en partenariat avec la bibliothèque municipale : ateliers et conférence sur la sensibilisation à l’égalité filles-garçons, mise en place d’une bibliothèque égalitaire à la bibliothèque municipale.
Rapidement, le constat global et que peu d’efforts sont fournis pour l’égalité femmes-hommes dans la vie locale au-delà de la contrainte légale (listes paritaires lors d’élections, etc.).
Des propositions d’actions municipales concrètes
Les échanges se poursuivent sur la thématique de l’usage de l’espace public : il est notamment constaté que l’usage des city-stades est principalement masculin. Pour ouvrir ces espaces aux femmes, des municipalités réservent ces équipements aux femmes à des horaires précis. Les discussions s’étendent aux bancs publics et lieux plus « accaparés » par les hommes sans que cela soit officiel mais résultant d’un état de fait, et évidemment cela s’observe aussi au sein des cours d’école, avec un terrain de football souvent central, empêchant la libre circulation et utilisation de la cour par celleux qui ne pratiquent pas ce sport, majoritairement des filles. Des écoles ont fait le choix de modifier l’aménagement de leur cour afin que tous les enfants puissent y trouver leur place.
On note aussi que des politiques d’encouragement à des pratiques sportives sont menées auprès des filles/femmes en France, mais aussi outre-Atlantique, et qu’elles permettent de réduire les inégalités dans certains sports.
Adopter des critères au sein des collectivités
La suite d’échanges fait émerger la proposition suivante : il serait intéressant de dresser un bilan de l’utilisation des équipements par les hommes et par les femmes. Ainsi, nous aurions une idée plus précise du déséquilibre de l’orientation des dépenses en fonction du genre.
Il est également proposé de créer des espaces de partage en ville, de développer un service de vélos solidaires (notamment pour les familles non véhiculées).
Les collectivités pourraient également s’engager dans la rédaction d’une charte de l’égalité qu’elles feraient signer par les associations locales, au même titre qu’il existe une charte de la laïcité.
Les collectivités locales pourraient également envisager d’intégrer des critères d’égalité femmes-hommes dans les appels d’offres et, plus largement, l’ensemble des projets menés pourraient systématiquement d’intégrer une politique d’égalité des genres.En outre, il serait souhaitable de parvenir à une plus grande parité dans la communication de la municipalité, en mettant en avant davantage les femmes élues ainsi que les salariées dans les différents supports de communication proposés.
L’éclairage public au service de la sécurité
Nous abordons ensuite le thème de la sécurité. Et la discussion s’oriente rapidement vers les éclairages publics et leur impact sur notre sentiment de sécurité sur la voie publique, en tant que femme. Le « tout éclairé » n’est pas forcément une solution. On souligne qu’il faut plutôt prêter attention à la qualité de l’éclairage, sa couleur, sa hauteur. Les éclairages bas sont plus rassurants que des éclairages placés très haut. Les éclairages avec des teintes plus chaudes peuvent également contribuer à réduire ce sentiment d’insécurité vécu par les femmes dans l’espace public, plus fortement la nuit.
Pour clôturer notre café-visio, nous nous posons la question suivante : quelle politique de lutte contre les violences faites aux femmes mettre en œuvre à l’échelle locale ? Il y a de l’attente sur le territoire mais difficile de dresser une cartographie complète en cette fin d’échange.
Nos échanges ont duré « seulement » 2h et on réalise que c’est peu pour prendre le temps de constater l’ensemble des inégalités du territoire et de faire des propositions pour instaurer plus d’égalité à l’échelle de nos collectivités. Nous en dégageons cependant des propositions concrètes que nous partageons aujourd’hui sur notre blog afin de garder ces inspirations pour un travail plus approfondi par la suite. Nous espérons que ces idées inspireront la municipalité de Nogent-le-Rotrou, et d’une manière plus générale, les communes de la Communauté de communes du Perche.