Pour un partage des responsabilités et du pouvoir

Ou contre le cumul des mandats en nombre et dans le temps

Le constat d’une démocratie qui fonctionne mal est de plus en plus partagé. Il se traduit notamment par un délaissement des urnes par les électeurs et une méfiance réciproque entre le citoyen et ses élus. Parmi les causes du déclin de la confiance en la démocratie, nous pensons que le cumul des mandats en est une essentielle.  

Analysons les arguments de ceux qui  défendent le cumul de mandats :

Le cumul permet d’avoir “le bras long”, d’obtenir des financements :

Certes, mais à quel prix?  Est-ce réellement une bonne chose pour le dynamisme de la ville ? Ne créons nous pas ainsi des confusions entre l’intérêt de la ville et ceux des “bras longs” ? Ne pouvons nous craindre une gestion clientéliste et in fine coûteuse pour la ville? Est-ce sain pour la démocratie ? Ne risquons nous pas l’achat d’une élection avec les moyens publics ? Qu’en est-il de l’équité dans le financement des différents territoires et des différents projets ?

Le cumul permet d’avoir une légitimité pour une autre élection :

En un mot le cumul favorise le cumul. L’expérience acquise dans un mandat doit pouvoir être revendiquée devant les électeurs lors d’un suffrage, sans qu’il soit nécessaire de cumuler les mandats.

Le cumul permet de travailler plus vite :

Travailler plus vite mais surtout  tout seul. Bien sûr, tout seul on va plus vite, c’est bien connu. Mais “seul on va plus vite et ensemble on va plus loin”.

La démocratie est-elle une course de vitesse ? Non, elle est ce qui permet de prendre  le temps de réfléchir ensemble aux projets plutôt que de les décider seul dans la précipitation. Il y a toujours plus d’intelligence dans plusieurs têtes que dans une seule. La coopération et le travail entre élus nous semble le signe d’une démocratie plus aboutie. Un bon projet se décide rarement seul et rapidement, il se mûrit dans le temps et avec le plus grand nombre.

Le cumul des mandats permet de cumuler des indemnités… et donc d’en vivre :

Oui mais non: mieux vaut vivre pour la politique que de vivre de la politique

La fonction d’élu politique ne doit pas être un métier. Elle ne doit être qu’un temps de la vie. Et puis il faut limiter le risque de dépendance aux indemnités . Les élus doivent être au maximum libres des influences et surtout de tout intérêt…notamment du leur. Si leur intérêt est d’être réélu, ils seront nécessairement enclins à prendre des décisions favorisant leur carrière politique, leurs ambitions et leur intérêt personnel.

Rappelons une évidence : l’intérêt général doit être la boussole.

Bien sûr, il est légitime qu’un élu puisse percevoir une indemnité pour sa fonction qui est un réel travail pour ceux qui s’y investissent. Le problème est qu’à force de cumuler, vous êtes sûrs de cumuler les indemnités et moins sûrs d’assumer la réalité du travail de vos mandats.

Nous le répétons, la politique n’est et ne doit pas être une profession. Cumuler un emploi et une fonction d’élu nous semble sain en ce qu’il permet de rester au contact des réalités du terrain (à l’exception du mandat de parlementaire qui est trop dense).

Le cumul des mandats permet d’être “connecté” aux réalités :

Connecté à des réalités d’élus et à des jeux de pouvoir certes…mais la connexion avec la réalité se fait avec une vie professionnelle, familiale, associative. Emmener ses enfants à l’école, participer bénévolement à la vie associative, faire ses courses…tout cela contribue à rencontrer les réalités de la population. Nul besoin de cumuler…des réunions entre élus.

Les élus sont  des dépositaires temporaires de responsabilités, d’un mandat donné par les citoyens. Un retour à la vie sans être élu oxygène la pensée.

Cumuler dans le temps génère des attitudes de propriétaires de mandats incompatibles avec une démocratie vivante.

Le risque est alors de se croire seul légitime, de se considérer comme un expert incontournable sur tous les sujets et de regarder les autres comme incapables, inaptes à occuper la  fonction : c’est le dynamisme, l’innovation, la créativité et l’imagination qui en font les frais.

Ainsi, nous sommes Pour :
Des élus avec un seul mandat électif à la fois
Des mandats limités dans le renouvellement  (deux)
Des élus qui ne dépendent pas d’un mandat pour vivre
Des élus équilibrés, qui font autre chose que de la politique, avec une vie de famille voire des activités bénévoles
Des élus ayant le sens de l’intérêt général et travaillant en coopération avec les autres élus et les citoyens
Des élus qui entendent l’aspiration actuelle de la population à participer et donc qui organise la concertation, la co-construction des décisions
Des élus qui se mettent au diapason de la population qui aspire à un profond renouvellement des personnes et des pratiques
Des élus qui ne concentrent pas tous les pouvoirs
Des élus qui partagent les responsabilités

La Loi encadre en partie le non cumul des mandats politiques. C’est une avancée, remise en cause régulièrement par les détenteurs de ces mandats notamment par les membres du Sénat.
Aucun accord réaliste n’a été obtenu sur la limitation dans le temps des mandats avec de vagues promesses devant intervenir en 2036 !
Nous pensons qu’il faut devancer la Loi et aller plus loin.

Les électeurs peuvent par leur vote bouleverser les pratiques politiques en sanctionnant les cumuls de mandats et les cumuls dans le temps.

Une démocratie plus aboutie se construit avec des élus qui se renouvellent, partagent les responsabilités et associent les citoyens.

2 réponses sur “Pour un partage des responsabilités et du pouvoir”

  1. Entièrement d’accord avec cette prise de position. A mon sens le seul mandat cumulable possible est celui de « simple conseiller municipal » non indemnisé pour un Conseiller Général ou Régional, pour un Député ou Sénateur. L’essentiel est de ne pas être déconnecté des citoyens et de la réalité du fonctionnement d’un « Conseil Municipal » avec ses difficultés diverses.

  2. Analyse juste et qui devrait tout simplement s’imposer a tous comme telle. Nous avons un exact contre-exemple avec les pratiques du pouvoir actuel a Nogent. Que pensent ils aujourd’hui de cette analyse qui reflète ce que pensent beaucoup? Ils serait intéressant de demander au maire actuel son positionnement.

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