Une idée simple et pragmatique.
Il s’agit de rediriger les coûts de la privation d’emploi vers la création d’emplois complémentaires à ceux existants sur un territoire, qui ne feraient donc pas concurrence au tissu économique existant, dans tous les secteurs d’activités : garage solidaire, ressourcerie, recyclerie, filière bois, ateliers de réparation de motoculteurs, mais aussi conciergeries de territoire afin de réaliser de petits travaux de proximité pas assez rentables pour des entreprises du secteur (tailler une petite haie, livrer quelques courses)…
« 50 % des activités sont liées à la transition écologique et à l’économie circulaire« , les EBE (1) sont souvent multi-activités.
L’un des critères est de partir des compétences et des envies des personnes concernées pour répondre aux besoins du territoire.
Ces emplois sont financés par la réaffectation des coûts liés à une situation de sans emploi sur une longue durée (RSA, CMU, etc.).
Un autofinancement à 100%
De plus, l’emploi créant des ressources fiscales et des cotisations salariales supplémentaires, ATD Quart-Monde estime que l’emploi pourrait être financé à 100%.
En phase expérimentale, le projet est financé par un fond abondé par l’Etat et les collectivités territoriales.
C’est en 2014 que commence l’aventure.
Le député Laurent GRANDGUILLAUME dépose une proposition de loi qui sera votée à l’unanimité en 2016 à l’Assemblée Nationale et au Sénat.
Sur cinq ans, 10 territoires en France ont mené le projet. Quel bilan ?
600 emplois créés depuis 2017, des emplois utiles, solidaires, en témoigne David, embauché après 5 ans sans travail via territoire zéro chômeur, à Premery dans la Nièvre (1800 habitants) :
Je n’aurais pas pu rester 7, 8 ans au chômage ce n’est pas possible. Il y a longtemps que je me serais jeté par la fenêtre, je vous dis j’ai fait trois tentatives. Je n’avais pas le moral à des moments, vous savez quand il y a Noël et les anniversaires, les cadeaux que vous ne faîtes pas aux enfants. Il n’y a plus d’emplois il y a très peu d’emplois, après 50 ans on n’a plus besoin de vous.
Vous êtes à la retraite, on est presque des bons à rien, on veut travailler il faut juste nous aider.
Vous voyez je travaille avec le sourire, j’ai ma petite musique, tout va bien, la vie est belle .
Ce sont peut-être 50 emplois créés sur un territoire, un peu plus sur l’un, un peu moins ailleurs.
Ce ne sont pas 100 emplois créés à grands coups de subventions qui parfois peuvent être délocalisés du jour ou lendemain. Ce ne sont pas des spectaculaires usines ouvertes, mais 50 vies comme celle de David et sa famille qui ont changé.
David sourit, tout ce qu’il veut c’est du travail, il veut offrir des cadeaux à ses enfants pour leur anniversaire.
A qui le tour ?
Pourquoi pas Nogent ?
C’est en ce moment que les collectivités doivent monter leur candidature, mais pour cela, il faut croire en l’innovation, rester ouverts sur les partenaires, accepter de partager les décisions, etc.
C’est vrai, l’innovation est compliquée, elle demande de changer les routines et les manières de faire, elle bouscule les certitudes, mais David et les autres ne le méritent-ils pas ?
Extrait du « Manuel d’expérimentation Zéro Chômeur de Longue Durée. »
Pour en savoir plus sur l’expérimentation, rendez-vous sur www.tzcld.fr.
(1) Une EBE est une Entreprise à But d’Emploi qui porte les projets de création d’emplois.