En 2023, plus belle la vie à Nogent-le-Rotrou ?

Tantôt terre de poète, d’homme de lettres et d’hommes d’État, tantôt petite ville en mal d’attractivité, Nogent-le-Rotrou connaît des hauts et des bas qui font son histoire et celle de ses habitants. Il va sans dire que la ville est actuellement dans une phase de décadence, commencée dans les années 1980-90 avec l’ouverture de l’autoroute A11 puis de la rocade qui fluidifient la circulation mais mirent à mal les commerces du centre-ville. La fin donc des fameux « bouchons de Nogent ». Pour autant, le territoire est-il réellement en déclin, les habitants sont-ils condamnés à un avenir terne, sans éclat, sans divertissement, fui par les jeunes ?

Spoiler, non évidemment. Explications.

ASSUMER LA RÉALITÉ POUR AVANCER

Les chiffres sont là, depuis 2020, le nombre d’habitants à Nogent-le-Rotrou est tombé en dessous de la barre des 10 000 habitants (9 433 habitants, données INSEE 2020).

Évolution de la population de Nogent-le-Rotrou :

  • 2009 : 11 121
  • 2014 : 10 130
  • 2020 : 9 433

Cette baisse s’accompagne d’un vieillissement de la population. Les plus de 60 ans représentent plus d’un tiers des habitants (soit 16 points au-dessus de la moyenne nationale – 21%).

DES CONSÉQUENCES ÉCONOMIQUES POUR LA VILLE 

Cette situation entraîne des conséquences pour la ville :

  •  Baisse des ressources financières. A titre d’exemple, la dotation générale de fonctionnement versée par l’État est proportionnelle au nombre d’habitants de la commune (1 722 879 euros en 2020).
  • Baisse du nombre d’enfants scolarisés, risque de fermetures de classes, etc.

UN LOURD DÉFI POUR LA MUNICIPALITÉ EN PLACE 

Rien ne sert donc d’ergoter sur le diagnostic, la décroissance de la population est un fait objectif qui impacte directement la gestion communale.

Comment endiguer cette décroissance, comment résister au déclin ?

D’une situation financière dégradée, héritée des équipes municipales précédentes, la ville s’enfonce dans le surendettement. En 2021, la dette s’établissait à 2178 € par habitant, quand la moyenne dans les autres communes de France est située à 816 euros par habitant (source : Décomptes Publics).

Conséquence directe de cette dégradation financière : la réduction des effectifs municipaux et l’affaiblissement de la capacité d’intervention de la ville dans tous ses domaines d’action.

DES CHOIX QUI INTERROGENT

  • Une rénovation du centre-ville qui a mobilisé et mobilise encore la majeure partie des capacités financières de la ville.
  • La volonté affichée de faire assumer par la seule ville de Nogent-le-Rotrou l’entretien du château, alors que ce monument historique pourrait être confié au département à l’instar du château de Maintenon.
  • La reprise de l’abbaye Saint Denis par la ville pour en faire un centre culturel, alors que la ville peine à entretenir son patrimoine actuel et qu’elle est actuellement gérée par le département…

UNE CRISE ÉNERGÉTIQUE QUI FRAPPE UNE VILLE NON PRÉPARÉE AUX ENJEUX DE LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE 

Un million d’euros, tel est le montant de l’impasse budgétaire présentée par le maire en raison de l’augmentation des coûts des énergies.

Globalement, depuis 25 ans, la ville ne s’est pas préparée suffisamment à la transition énergétique : manque d’isolation des bâtiments communaux, pas d’investissement dans les énergies renouvelables…

S’il y a eu modernisation partielle d’une partie de l’éclairage public, elle n’a pas su intégrer la possibilité de modulation la nuit par variation d’intensité ou allumage partiel.

ANTICIPATION ET CONCERTATION, MAÎTRES MOTS D’UNE BONNE GESTION MUNICIPALE

La crise énergétique qui impacte la ville avec notamment la fermeture de la piscine municipale ou l’augmentation faramineuse des coûts de chauffage pour les habitants de logements sociaux ne sont que les prémisses d’un futur économique et social difficile pour les Nogentais.

Crise énergétique : la faute à l’Ukraine ?

Il serait facile de se dédouaner aussi facilement de toute responsabilité. Penser que les difficultés liées à l’énergie est un événement inattendu et soudain dû à la guerre en Ukraine est au mieux un élément rhétorique de la part du Maire, au pire un manque d’expérience en matière de gestion municipale.

En effet, une crise se prépare et s’anticipe. Savoir agir dans l’urgence est une qualité mais une qualité largement insuffisante. D’autant plus dans un moment où l’état de crise est devenu permanent et que l’exception est devenue la norme (guerre, attentats, approvisionnement énergétique, COVID, affaissement du seuil démographique, etc.). Le changement dans la gestion municipale est plus que jamais nécessaire. Cela doit passer par l’anticipation accrue des risques pour imaginer différents scénarios ainsi que par la concertation afin que l’ensemble des parties prenantes soit entendu et pris en compte dans la mise en œuvre des politiques publiques.

Notre décroissance nous conduit-elle fatalement au déclin ?

Oui, si nous demeurons dans des schémas dépassés : un homme seul décide de tout, pense à tout, connaît tout, sans implication quotidienne dans le vécu des Nogentais.

Non, si avec le plus grand nombre d’acteurs possible, épaulés par des experts “sachant”, s’établit un diagnostic partagé, et réaliste. Pour cela, il faut que la ville entame un tournant dans ses méthodes de travail en passant d’une logique de silo à une logique de travail en transversalité entre les services de gestion et de communication de la ville et les différentes délégations. C’est la seule façon pérenne et efficiente de développer des politiques publiques qui prennent en compte les différents paramètres d’un problème, de réinventer un avenir mobilisateur, et de dessiner un projet de territoire innovant et ambitieux.

Des communes en France ont su le faire, notre municipalité sera-t-elle capable de le faire ?

Pour 2023, souhaitons donc le début de la renaissance de Nogent-le-Rotrou !

Bonne année, bonne santé également à toutes et tous !

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