La population de 01 à 29 ans représente 30% de la population nogentaise en 2015 et celle des plus de 75 ans représente en proportion le double de la population nationale.
Cette pyramide des âges spécifique doit conduire sans doute plus qu’ailleurs à être attentif au troisième âge dans l’élaboration des politiques publiques locales, sans négliger la jeunesse qui en grande partie, n’est pas encore en âge de voter.
Les jeunesses nogentaises sont diverses : partager le même âge ne signifie pas partager le même niveau d’étude, de qualification, le même quartier ou les mêmes chances de réussite scolaire et d’accès à l’emploi, à la culture, aux loisirs, à la santé.
Mais elles partagent des expériences communes, celles de faire face aussi à des défis communs, comme le réchauffement climatique, la pollution par les glyphosates, la prolifération des déchets plastiques, le chômage structurel et massif… Nogent n’échappe pas à un taux de chômage des jeunes actifs de moins de 25 ans particulièrement élevé à l’échelle nationale, de l’ordre de 24 % en 2016 et 28.8% pour la ville selon l’INSEE.
Mais ces défis sont-ils réellement l’affaire des jeunes générations?
Les jeunesses sont politiquement sous-représentées, plus que les autres tranches d’âge, elles ne vont pas voter ou par intermittence. C’est pour cette raison que la municipalité devrait être particulièrement attentive à faciliter leur expression politique et citoyenne, rendant possible les conditions favorables à leur épanouissement collectif.
Des communes proches ont déjà fait leurs premiers pas : les jeunes de Brou, Bû, Thiron-Gardais ont leur conseil municipal des jeunes, pas ceux de Nogent le Rotrou.
La démocratie de demain s’entretient aujourd’hui, en disséminant les germes de la responsabilité, du partage des pouvoirs, de la conduite de projets d’intérêt général, de la solidarité et de la confiance dans les institutions présentes.
Les générations Y, nées entre 1980 et 2000 seront les aînés de demain, les Z ou milleniums, seront aux commandes d’ici 2050. Elles devront répondre aux défis majeurs nés souvent des choix des générations actuellement au pouvoir.
Dès aujourd’hui et dans notre ville, il est impératif de les associer pour mener les projets qui nous concernent tous, même s’ils nous semblent lointains :
- Comment réduire les déchets à zéro pour le citoyen ou les entreprises, comment encourager la consommation collective locale ?
- Comment retrouver un environnement propre et durable : privilégier les productions agricoles bios et locales, durables dans leur développement économique et social ?
- Comment maintenir la qualité de l’eau et de l’air ?
- Quelles énergies à inventer sans aggraver le réchauffement climatique déjà anxiogène ?
- Comment privilégier un développement économique soutenable, autrement dit, un développement qui ne prélève pas les richesses des générations futures : les richesses en eau, en terres agricoles, en qualité de l’air, la capacité financière de la municipalité à soutenir les projets de demain ?
Les réponses aux défis s’imaginent dès maintenant, avec les jeunes, en leur donnant la possibilité de prendre leur place, de prendre des décisions, d’imaginer le monde de demain en leur donnant les moyens de mettre en œuvre des projets, de se rassembler, d’échanger, au sein notamment d’une structure (une maison des jeunes, un conseil municipal jeune ?) qu’ils pourraient gérer eux-mêmes.
La destinée des jeunes n’est pas que leur affaire, c’est l’affaire de tous les âges !
Pouvons-nous compter sur eux pour payer les retraites et les soins de santé des futurs retraités, quand il n’y aura plus que deux habitants en âge d’être actif pour une personne de 65 ans et plus, mais ne pas penser à eux quand il faut changer les habitudes de consommation, de production, d’organisation de la vie politique ?
Pouvons-nous avoir besoin d’eux pour payer nos dettes publiques et notamment la dette municipale conséquente, la dette écologique, la dette sociale, et ne pas leur laisser la chance de connaître des territoires, comme celui du Perche, aussi accueillants que nous les avons connus ?
Ce jeune à qui nous devons tant, c’est celui rieur de l’école Marcel Pagnol, celui enjoué du collège Pierre Brossolette, c’est celui studieux qui prépare son bac dans les lycées de Nogent, c’est celui candide qui va faire le plein de friandises chez le boulanger du quartier, c’est celui qui joue au parc avec votre enfant, ou au coin adolescent de la ludothèque, c’est celui qui traverse notre rue chaque jour, c’est celui sorti de nos écoles sans diplôme, celui qui ne trouve pas d’emploi faute de qualifications, ceux sont les apprentis qui ont du mal à se loger, c’est celui qui n’a pas les moyens de passer un permis coûteux mais pourtant indispensable dans la recherche d’emploi, c’est celui, même diplômé, relégué à la précarité sur le marché du travail.
Ce jeune, c’est notre enfant, notre petite-fille, notre arrière-petit-fils, c’est celui pour lequel nous souhaitons le meilleur.
Où en est Nogent avec ses jeunes ? Quelle place leur laisser aujourd’hui parmi toutes les autres générations?
Un vrai changement devra avoir lieu si nous ne voulons pas manquer notre rendez-vous avec notre jeunesse.