Pourquoi expérimenter la gratuité des transports en commun à Nogent-le-Rotrou ?

Nous l’avons annoncé lors de la réunion publique du 2 juillet 2019, le Forum souhaite l’expérimentation de la gratuité des transports publics sur le réseau NOSBUS à Nogent-le-Rotrou.

La gratuité, un sujet de débat national

De plus en plus de collectivités ont adopté la gratuité des transports publics : Aubagne, Compiègne, Dunkerque, Niort, etc. En France, 37 réseaux pratiquent la gratuité totale.

En Estonie, les transports en commun sont gratuits sur tout le territoire depuis le 1er juillet 2019.

Au Luxembourg, l’ensemble du réseau de transports en commun (bus, tramways et trains) sera gratuit pour tous les habitants à partir du 1er mars 2020.

A l’approche des élections municipales de 2020, ce sujet est au cœur de nombreux débats. Le Sénat s’en est d’ailleurs emparé pour initier en mars 2019 une mission intitulée « Gratuité des transports : fausse bonne idée ou révolution écologique et sociale des modalités », qui doit s’achever cet été.

Lors de la première table ronde, la présidente de cette mission souligne que les raisons mises en exergue par les municipalités pour justifier la mise en place de la gratuité sont variées :

  • Réduction des difficultés sociales
  • Aide à la mobilité
  • Augmentation de l’attractivité du centre-ville
  • Augmentation du pouvoir d’achat
  • Réduction de la pollution

La gratuité est un choix politique qui nécessite de faire des concessions puisque la ville doit s’affranchir de la part financée par les usagers. Pour compenser cela, certaines villes décident de réduire les investissements liés à la politique de déplacement urbain, d’autres choisissent d’augmenter le versement mobilité des entreprises.

Rendre le bus gratuit pour tous, c’est considérer qu’il s’agit d’un service collectif, comme peut l’être l’accès aux infrastructures routières. C’est un acte de solidarité – même accès pour tous – et de non-discrimination – pas de tarification en fonction de la situation sociale.

Plus qu’une décision politique, il s’agit d’une philosophie, que tout le monde ne partage pas.

Parmi les défenseurs des transports payants, certains ne manqueront pas d’affirmer que le transfert modal* observé suite à la mise en place de cette politique de gratuité est décevant. En d’autres termes, il ne faut pas s’attendre à une ruée de voyageurs abandonnant leur voiture pour prendre le bus.

Cependant, il faut garder à l’esprit que les effets peuvent être disparates selon les communes.

D’une manière générale, les réseaux de transport ayant franchi le pas s’accordent à constater que la mise en place de la gratuité des transports a favorisé :

  • l’apparition de nouveaux usagers (familles, jeunes, personnes sédentaires, etc.),
  • l’apparition de nouveaux usages (trajets courts),
  • une forte baisse des incivilités.

A Châteaudun, le bus est gratuit pour tous depuis 2009. « Cette décision a été prise après les élections », témoigne Emmanuel HUMEAU, adjoint au maire Didier HUGUET à l’époque. « Les 15 000 € de recette de billetterie étaient insuffisants face au coût annuel de 550 000 €. Nous avons donc décidé de financer intégralement le réseau C’Bus grâce au versement mobilité des entreprises ».

Le résultat le plus notoire de cette gratuité est la fréquentation en hausse. En 4 ans, elle a plus que doublé (source : https://www-origin.banquedesterritoires.fr/avec-la-gratuite-le-cbus-de-chateaudun-double-son-nombre-dusagers-28). Et malgré le changement d’équipe municipale en 2014, la gratuité est maintenue.

Place à l’expérimentation

La gratuité des transports en commun apporte des bénéfices économiques, sociaux et environnementaux qui nécessitent d’être mis en balance avec son financement.

Chaque collectivité a son identité, chaque population ses usages. Plutôt qu’une étude longue et coûteuse, une expérimentation de la gratuité totale du bus à Nogent permettrait de mesurer les réels impacts sur la fréquentation et de conduire à une décision éclairée.

L’expérimentation doit être organisée de manière à inclure toutes les parties prenantes de l’étude préalable à la prise de décision finale. C’est ainsi qu’elle pourrait par exemple se dérouler :

  1. Un audit serait effectué en amont afin de faire un état des lieux sur le réseau NOSBUS. Cet audit serait consultable par les élus, les usagers, les habitants, les agents et le prestataire de service.
  2. Un comité de suivi serait ensuite mis en place. Il serait constitué d’élus, de citoyens, d’agents et du prestataire de service.
  3. Des objectifs seraient définis collégialement au sein de ce comité. Ces objectifs seraient clairs et mesurables.
  4. Un premier bilan serait établi à 3 mois, puis un second à 6 mois.
  5. Un projet serait ensuite élaboré et publié, prenant en compte les aspects financiers notamment.
  6. Enfin, le Conseil Municipal serait sollicité afin de prendre la décision de rendre le réseau NOSBUS gratuit ou non.

Il ne s’agit pas d’adhérer à une idéologie parce que « c’est dans l’ère du temps ». Toute volonté de changement nécessite une réflexion globale impliquant experts, décideurs et usagers.

Plus largement, la politique de déplacement urbain ne doit pas se résumer à la mise en place de bus gratuits.

Outre la question des transports en commun, la municipalité doit proposer d’autres solutions pour développer :

  • les transports « doux » tels que le vélo, le VAE (vélo à assistance électrique), etc.
  • la mutualisation des véhicules personnels (covoiturage, prêt de voiture entre particuliers, etc.).

La ville de Nogent-le-Rotrou doit orienter sa politique de mobilité urbaine vers un projet global et durable qui réponde au plus près des besoins des usagers et qui soit en accord avec le territoire.

Osons l’expérimentation des transports en commun gratuits associant l’ensemble des habitants dans un projet citoyen participatif.

Transfert ou report modal* : changement du choix de mode de transport.

Une réponse sur “Pourquoi expérimenter la gratuité des transports en commun à Nogent-le-Rotrou ?”

  1. Tout est fait pour les commerçants du centre-ville. La gratuité favorisera les commerces du centre-ville aux dépends des centres commerciaux de quartier.

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